L'Invention de la Peinture

Dans son Histoire Naturelle, Pline l’Ancien reprend le mythe grec sur l’invention du portrait. La jeune corinthienne Callirrhoé, fille du potier Dibutade, triste de voir son bien-aimé partir en voyage, décide de garder un souvenir de lui en dessinant le contour de son ombre portée sur le mur par la lumière d’une lampe. Le père applique alors de l’argile sur ce dessin pour la cuire et conserver le portrait de l’amoureux. Ainsi, elle réalise avec son père le premier portrait de l’histoire, à la fois en le peignant sur le mur et en créant un relief de ce profil. Elle fige et invoque la présence de son amoureux au-delà de sa réalité matérielle, par la ligne de son visage. La peinture, le dessin, seraient une trace de la nature sans jamais l’égaler.

Comme on le sait, l’Antiquité gréco-romaine a inspiré la création artistique de la Renaissance au XXème siècle. Elle apparaît comme source d’inspiration irremplaçable. Du XVIIème au XIXème siècle, l’Antiquité grecque représente une perfection artistique insurpassable et les artistes s’évertuent à s’y référer. Le mythe de Dibutade fait logiquement partie des sujets privilégiés. L’invention de la peinture viendrait donc de l’Antiquité grecque, comment pourrait-il en être autrement … ?

Joseph Wright of Derby, The Corinthian Maid, 1784, huile sur toile

Joseph Wright of Derby, The Corinthian Maid, 1784, huile sur toile

Joseph-Benoît Suvée, Dibutade ou l’origine du dessin, 1791-93, fusain et craie blanche sur papier

Joseph-Benoît Suvée, Dibutade ou l’origine du dessin, 1791-93, fusain et craie blanche sur papier