Envie de cinéma

Relisant l’ouvrage de François Truffaut, Les Films de ma vie — qui est en fait un recueil de ses meilleurs textes sur le cinéma à l’époque où il était critique aux Cahiers du Cinéma — j’ai eu envie de vous parler d’une des centaines de raisons pour lesquelles j’aime le cinéma de François Truffaut.

Tel un fil reliant les films et sa propre histoire, François Truffaut faisait référence, dans ses films, à ses propres autres films, reflétant ainsi ses obsessions.

Dans Le Dernier Métro, en 1980, Gérard Depardieu et Catherine Deneuve jouent une pièce de théâtre.

Depardieu dit :
« Vous êtes belle. Si belle que vous regarder est une souffrance

- Hier vous disiez que c’était une joie

- C’est une joie. Et c’est aussi une souffrance ».

Or ce dialogue existe déjà dans un film plus ancien de Truffaut : La Sirène du Mississippi.

Jean-Paul Belmondo, prisonnier de la neige avec Catherine Deneuve, lui dit :

« Tu es belle. Si belle que te regarder est une souffrance.

- Hier tu disais que c’était une joie

- C’est une joie. Et c’est aussi une souffrance ».

Truffaut déclame donc la torturante beauté de Catherine Deneuve par deux fois à 10 ans d’écart. La deuxième fois, il met en scène sa propre référence dans une scène de théâtre dans le film, du jeu dans le jeu.

En 2002, François Ozon, dans Huit femmes , rend hommage à Truffaut en mettant cette réplique dans la bouche de Catherine Deneuve qui dit à sa fille (Virginie Ledoyen) :

« C’est lui que je vois quand je te vois et te voir c’est à la fois une joie et une souffrance ».

Elle parle ici de l’homme qu’elle aimait et qui a disparu (Truffaut ?)…

En haut : Le Dernier métro. En bas à gauche : La Sirène du Mississippi. En bas à droite : Huit femmes

En haut : Le Dernier métro. En bas à gauche : La Sirène du Mississippi. En bas à droite : Huit femmes